J’observe les traces de celles qui ont ouvert des portes que l’on croyait scellées. C’est un trait permanent tracé par des esprits curieux, des âmes résolues, des femmes qui ont osé poser des questions là où l’on attendait d’elles le silence.
Dans les laboratoires, les observatoires, les hôpitaux, sur le terrain ou derrière un microscope, elles ont bâti, chiffre après chiffre, expérience après expérience, un savoir essentiel. Je les vois, ces pionnières, celles qui ont brisé les plafonds de verre en un éclat de vérité scientifique. Pensons à Marie-Victorin, dont l’œuvre a prospéré grâce aux contributions discrètes mais cruciales de sœurs en botanique. Pensons à Maud Menten, qui, bien que née hors du Québec, a inspiré bien des chercheuses d’ici par son génie en biochimie.
Il y a celles dont les noms n’ont pas toujours traversé les âges. Les étudiantes brillantes à qui l’on disait que la science n’était pas pour elles. Les chercheuses à qui l’on refusait des fonds, des postes, des laboratoires sous prétexte que leur place était ailleurs. Pourtant, elles sont restées. Elles ont insisté, persévéré, prouvé que leur intelligence n’avait ni sexe ni limite.
Je pense aux femmes d’aujourd’hui, à celles qui poursuivent cette quête du savoir, qui repoussent les frontières de la connaissance dans les universités, les centres de recherche, les entreprises de pointe. À celles qui manipulent les cellules souches, qui explorent le cosmos, qui conçoivent des innovations médicales ou qui modélisent le climat de demain. Leur contribution est immense, et pourtant, elles doivent encore prouver leur valeur dans un monde où les écarts persistent, où les préjugés rôdent sous des formes plus subtiles mais tout aussi réelles.
Je rends hommage à ces femmes plus qu’inspirantes. À celles qui enseignent, qui mentorent, qui inspirent. À celles qui codent, qui soignent, qui inventent. À celles qui, devant une difficulté, choisissent de continuer plutôt que de reculer. À celles qui, par leur présence même, rendent l’avenir plus riche, plus équilibré, plus juste.
Je rêve d’un jour où cet hommage ne sera plus nécessaire. Où l’on n’aura plus à célébrer l’exception, mais simplement le talent, la rigueur et la passion. Un jour où les jeunes filles ne douteront plus de leur place dans un laboratoire, où les comités de sélection n’auront plus à débattre d’équité, où les découvertes porteront seulement la signature du mérite.
Mais en attendant ce jour, je continuerai de nommer, de souligner, de raconter. Parce que l’histoire de la science au Québec s’écrit aussi au féminin. Et qu’elle mérite d’être entendue, reconnue et honorée.

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